Les campagnes d’emailing à la performance sont à la mode depuis presque 18 mois, et les campagnes d’affiliation leur ont immédiatement emboité le pas. Je n’étais pas particulièrement emballé quand je les ai découvert et depuis quelques mois je suis même plutôt contre, que ce soit lors de mes prestations de conseil téléphonique ou lors de mes interventions dans les communautés virtuelles. Le but n’est pas de jouer les Cassandre mais force est de constater aujourd’hui que j’avais bien raison vu qu’un profond changement s’opère chez les FAI et Webmails dans leurs critères de filtrage des campagnes.
Dans le blacklistage, le risque principal était de se faire blacklister son adresse IP, voire son nom de domaine. C’est la raison pour laquelle les « bricoleurs » changent de serveur (donc d’IP) avec un rythme parfois aussi soutenu qu’une IP par semaine et un domaine fantaisiste par envoi. C’est totalement à l’opposé de la stratégie pérenne qui fait qu’on bichonne ses IP d’envoi pour les utiliser longtemps. Les messages étant toujours globalement les même et renvoyant sur leur site principal, différent du domaine d’envoi. Désormais ces pratiques ne seront plus efficaces. Les FAI et Webmails, google en tête, utilisent le blacklisting de niveau 2 et 3 cad celui des noms de domaines et des urls. L’intégration du blacklisting des urls, notamment relevées suites à des campagnes présentant des plaintes, ruine totalement ces pratiques énervantes pour les internautes.
Comment le blacklisting des urls va impacter l’emailing à la performance et l’emailing d’affiliation ?
Le principe de l’emailing à la performance est d’envoyer un maximum d’emails pour générer des contacts, l’annonceur ne payant que pour les leads réels. Le principe est présenté comme totalement avantageux pour l’annonceur puisqu’il sait exactement combien chaque lead lui coute. Le problème est que pour faire une campagne le plus rémunérateur possible, le prestataire va arroser (genre e-carpet bombing) le plus largement possible. Vous avez certainement reçu ces dernières semaines des emails pour un regroupement de crédits, une assurance vie ou une mutuelle ? Avec des leads allant jusqu’à 15 euros, il n’est pas étonnant que certains amateurs se lancent là dedans en auto-entrepreneur et spamment à tout bout de champ 🙁
Le principe de l’affiliation lui est censé être légèrement différent sur le fond, mais malheureusement dans la forme c’est souvent blanc bonnet et bonnet blanc. L’emailing d’affiliation se gère au travers d’une plate forme d’affiliation, et propose aux membres inscrits différentes campagnes via emailing. Tout est fourni (fichier HTML complets avec urls absolues vers les pages spécifiques de l’annonceur) Chaque affilié qui s’inscrit au programme peut donc router sur ses propres bases l’offre de l’annonceur. Un code identifiant associé aux url permet de savoir qui a généré le lead et donc à qui ira la prime. Ce qui me gène dans l’affiliation, c’est que lorsqu’il n’y a pas de contrôle des inscrits, certains routent sur des bases CD, histoire d’avoir plus de chance de finaliser et ainsi de gagner de l’argent. Lorsqu’un nouveau programme d’affiliation est disponible, c’est alors une véritable ruée d’email (parfois 3 ou 4 emails identiques mais provenant de sources diverses) car seul le premier cliqué gagnera de l’argent. Pour le destinataire, ces offres sont souvent d’un intérêt moyen, et la répétition des messages peut être agacante. Je parlais déjà en mars dans mon article sur les comportements emailing dérangeants associés aux foires et salons.
Qu’il s’agisse donc de campagnes à la performance ou de campagnes via affiliation, les résultats sont les mêmes pour le destinataire : Il reçoit beaucoup de mails non ciblés, et les plaintes suivent. Passons sur les problèmes de déliverabilité de ce type de campagne, vous en avez assez lu sur Snipemail pour savoir ce qu’il en est. Si ce n’est pas le cas, lisez donc la centaine d’autres articles disponibles ou téléphonez moi 😉 Mais contrairement à ce qu’il pense, l’annonceur peut lui aussi être victime de dommages indirects suite à ces campagnes.
Les dangers pour l’annonceur
Blacklisting des urls du site
Lorsque des plaintes remontent aux FAI et Webmails, elles sont logiquement analysées. Sont passés au crible et éventuellement blacklistées les IP et les noms de domaines de l’émetteur. Avec l’explosion des campagnes à la performance et l’affiliation, FAI et Webmails ont décidé de traiter le mal à la source 🙂 En blacklistant les urls, ils sont maintenant capables de ne plus délivrer les campagnes qui vont certainement arriver en plusieurs exemplaires au destinataire, ou pour lesquelles la pression globale, cad issue des différentes sources d’envoi comme en affiliation, est trop forte.
Le contrecoup pour l’annonceur est qu’une fois ses urls blacklistées, il sera impacté dans ses propres campagnes de fidélisation et dans la plupart des envois de ses emails légitimes. La sanction est tellement incapacitante que j’espère que les annonceurs y réfléchiront à 2 fois, pour peu qu’ils soient au courant des risques. Comme je doute que leurs prestataires ne scient la branche sur laquelle ils sont assis, à vous lecteurs d’en informer vos connaissances concernées 😉
Dégradation de l’image de la marque
L’emailing est un média bien plus personnel que les pubs papier. Soumettez un internaute à une forte pression qu’il ne peut pas juguler via un désabonnement (vu que les sources sont multiples) et s’ensuit une réaction de rejet assez forte. C’est par exemple la raison pour laquelle je n’achète plus jamais rien chez Vistaprint. L’image que j’en ai est qu’ils se foutent de moi en tant que personne et que tout est bon pour me prendre mon argent, vu qu’ils y ont mis les moyens au travers des campagnes de ce que j’estime être du spam en bande organisée. Certes c’est ma vision mais nombreux sont les gens autour de moi qui ont réagit de la même manière.
Au final, il y a donc un risque réel pour l’annonceur s’il recourt à ces méthodes d’emailing. Je ne doute pas un instant que ce nouveau type de filtrage et de blacklisting se généralisent très rapidement vu l’efficacité du procédé.
D’autres infos :
– Sur le blog de Jérôme Gays
– Sur le blog de Bruno Florence